Des guetteurs dans la foule.

Port Souffrance est un endroit surpeuplé, délabré et anarchique. Entassés les unes contre les autres, se côtoient des structures mal assorties en métal préfabriqué, en briques d'argile dont les enduits s'effritent, ou en pierre tiédé par le Soleil. Tout y est terne, poussiéreux et sent le métal chauffé. Les habitants montrent un visage sale et dur, les combinaisons rapiécés, les foulards et manteaux qu'ils portent leurs donnent un air de récupérateur. Durant la journée, les rues deviennent des artères grouillantes où les travailleurs s'entassent, créant une foule où des centaines de dialectes fusent.

Les Gardes s'éloignent du spatioport, guidé par le chérubin. Ce dernier flotte au dessus de la foule, ignorant visiblement que ses hôtes soient à pied. De temps à autre, il se retourne, pour laisser le temps aux soldats de le rejoindre.

Par ailleurs, le serviteur semble muet. Il ne répondra pas aux questions, comme celle de l'Ogryn.

Furgil avance, derrière le chérubin, pas à l'aise du tout. Il le regarde de temps en temps flotter en secouant la tête...
Le Squat a les mains à plat sur ses côtes, les épaules contractés. Prêt à mettre une mandale au premier qui tentera de le détrousser.

L'Ogryn recommence en haussant le ton :

- OÙ CA NOUS ALLER ?

Le fragile les suit en silence, se disant que dans le pire des cas il s'abriterait derrière le gros lard... Il avait l'air solide celui là.

Le serviteur ne répond toujours pas. Il laisse les soldats dans leur ignorance.

Ourük commence à ruminer devant l'absence de réponse, c'est mauvais signe...

La technicienne ce contenta de suivre le mouvement l'air désintéressé dès leur sortie de la navette. Cet endroit semblait très étrange, et leur accueil ne faisait que renforcer ses doutes.

- On verra bien où il nous emmène.

Le jeune homme, stressé, jetait des regards un peu partout autour de lui. Son attention se figea sur un petit groupe aux airs étranges, plutôt très étranges, qui les observait. Le garçon se décide à prendre la parole, pointant les autres du doigt.

- Hé regardez, ils nous observent !

La masse de 3 metres pour 450 kilos se tourne vers le groupe en question, bien content de trouver une occupation.

Il a son Ripper Gun bien en vue.

En effet, des hommes en tenue locale, le visage peinturluré de motifs bleus et blancs représentant des flammes, vous observent, de loin. Les habitants ne semblent pas se pré-occuper d'eux.

Furgil met une vers son arrière train où il range son pistolet laser, méfiant.

- Vaudrait mieux qu'on se dépêche.

Alors que les Soldats empruntent l'une des ruelles étroites de Port Souffrance, moins traversée que d'autres, ils sont accostés par un étranger torse nu marqué de sérieux coups de Soleil, les cheveux ébouriffés par de la boue durcie, et des flammes blanches tatouées sur son visage. Il semble instable, et trépigne..

- Les deux... Les vi-visages !

Damian lève son arme vers l'homme par réflexe, qu'est ce qu'il foutait?

Ourük saisit l'importun par l'épaule pour l'écarter de leur chemin.

- Pars.

Furgil tient son pistolet laser de ses deux mains, il regarde l'inconnu et le groupe à tour de rôle.

Le demeuré revient à la charge, accrochant le bras de Damian Visiblement, il a perdu toutes raisons, et les phrases qu'ils déblatèrent sont peu compréhensibles, où seuls quelques mots se lient entre eux.

- Ses deux visages, ils sont faux ! Le premier des trois en a deux !

Damian lui met un coup de tête dans la panique, ça va pas non? Mais son cerveau essaie en même temps de comprendre ce qu'il disait, son petit doigt semblait lui indiquer que le fou faisait référence aux autres énergumènes qui les observaient tout à l'heure.

Agacée de se faire barrer la route par ce qui semblait être un toxicomane, Aria décida de forcer le passage.

- Fermes-là tu veux, on a pas que ça à faire.

Ourük fait preuve d'encore moins de diplomatie que ses camarades : il saisit à nouveau l'homme par l'épaule et l'envoie voler contre un mur.

- PARS.

Tandis que le groupe est affairé avec le malade, plusieurs voyous peinturlurés apparaissent ça et là de la ruelle, ayant suivis les soldats. Ils ne semblent pas armés d'autres choses que de surins, de barres ou de leurs poings.

- Cassez-vous les étrangers ! On veut pas de vous ici ! No pasaran !

Hormis Ouruk, les autres pourront voir qu'ils sont une dizaine. Onze exactement.

Damian lève son fusil vers les paysans, on dirait qu'il s'est fait pousser des couilles le gamin.

- Vous pensez faire quoi avec vos lances pierres les cul-terreux ? Par ordre de l'Empereur-Dieu laissez nous passer !

- Du calme la bleusaille, tu risques de te blesser, ou de blesser quelqu'un avec cet engin. Dit-elle à l'attention du conscrit.

Furgil ne réagit pas, alerte, pistolet laser tenu en main. Il toise du regard les inconnus.

- On veut pas de problèmes!