Le Spatioport de Port Souffrance

Après trente minutes de descente, la navette se pose enfant à Port Souffrance. Alors que le moteur se tait graduellement, le pilote de la carlingue annonce sur le canal interne que les soldats sont arrivés.

Damian se lève alors de son siège, cachant ses mains tremblantes en serrant son emprise sur son fusil. Ça y est...

Au dehors de l'appareil, vous apercevez la surface d'attérrissage dont le sol a été noirci par les réacteurs des innombrables appareils qui se sont posés là. La zone d'arrivée est encerclé par de hautes barrières de grillage, et tout autours d'elles se dresse le revêtement métallique des murs sinistres de Port Souffrance.
L'air est chargé de relents, ceux des émanations chimiques, des carburants et des agents nettoyants, mais sous les odeurs auxquelles il faut s'attendre dans un tel endroit, on distingue comme une senteur de fer, légère et douceâtre.

Damian commençait à avoir la nausée au moment où il descendait de la navette. La peur et l'odeur, toutes deux, lui donnaient des haut-le coeur.

Ourük saute du vaisseau, fuyant presque celui-ci. Il atterrit derrière le conscrit, qui sent le sol trembler sous ses pieds.

- Ca mauvais.

Il hume l'atmosphère de la planète et les divers relents tout autour d'eux.

- Ca aussi.

Des dizaines d'hommes au visage sale sont déjà occupés à nettoyer la coque de la navette, à brancher des tuyaux de remplissage sur les réservoirs, et d'autres approchent avec un traîneau antigrav pour charger la cargaison du vaisseau.

Le petit bonhomme barbu et trapu, vêtu comme un Rating, bondit en dehors du vaisseau.
Il se casse la gueule en tombant vu sa taille, mais au moins ses nouveaux coéquipiers constateront qu'il est plus solide que les Ratling ordinaires.

- Par ma barbe...!

Furgil observe les hommes travailler.

Damian suivait le chemin à suivre, trop stressé pour regarder autour. Le jeune homme serre son arme contre lui, comme pour se réconforter.

Alors, un individu au teint rose et aux allures de représentant officiel approche, bardé de chaînes en or criardes, et dont la robe bleu marine poussiéreuse n'est plus de première fraîcheur. De part et d'autres du gaillard se tiennent deux hommes, taillés comme des armoires à glace et tenant un fusil dans leurs mains.

- Bienvenue à Port Souffrance, Gardes.

Ourük n'a pas d'autre choix que de les regarder de haut.

- Bonjour.

Damian était totalement intimidé face aux deux golgoths et à l'homme au centre. Ça y est, il y était. Le jeune homme préférerait presque retourner dans le vaisseau avec l'autre fils de pute. Bordel...

Furgil pose ses poings contre ses hanches, il bombe le torse en observant le comité d'accueil.

- Ouais, ouais... Bonjour! Comment allez-vous? Moi bien! Oh il fait beau aujourd'hui! Ne traînons pas que diable!

Rapidement, le représentant troque son sourire avenant pour un air orgueilleux et hautain. Il en va de même pour les gardes, menaçants.

- Je me présente, Kerred Smyk, dignitaire of-fi-ciel du consul de Port Souffrance. Ce dernier n'a pas été prévenu de votre arrivée, ce qui est fooooort troublant. Alors, qu'est-ce qui peut bien vous amener ici, Gardes ?

Trop de mots compliqués pour l'Ogryn, qui compte sur ses coéquipiers pour répondre à sa place.

D'ailleurs, il se désintéresse de la conversation et va voir un peu plus loin.

- On a une mission.

Répond Furgil d'un ton sec, le Squat semblait s'impatienter.

Damian était trop intimidé pour répondre, il comptait sur le minimoys barbu ou sur la bombasse technicienne pour assurer la chose. Il serre bien son arme et contracte ses muscles pour ne pas montrer qu'il tremble.

La réponse ne semble pas convenir au dignitaire, qui se met à bafouiller.

- Grmbl.... je... Combien de temps allez-vous rester ?

- Le temps qu'il nous faudra pour terminer.

Furgil fronce les sourcils en regardant ailleurs, les poings serrés.

- Oui chef !

Répond instinctivement Damian au dignitaire, dans la panique. Il commençait à suer à grosses gouttes.

- Nous retiendrons votre éminente coopération, Gardes. Grmbl.

Voyant qu'il ne peut obtenir d'avantage, le représentant s'en retourne, salé.

Une fois l'homme partie, un chérubin-serviteur, qui devait attendre non-loin, fait son apparition. Son corps est passablement délabré, tout comme son sourire, bosselé. Pour le résumer, il ressemble à un très jeune enfant, comme les anges, maintenue dans les airs par deux ailes ternis, et ayant ses deux yeux remplacés par des perles.
sans un mot, il tend aux Gardes un parchemin cacheté à la cire dont ils reconnaissent le sceau comme celui de l'Inquisition. Ce dernier demande aux gardes de suivre le chérubin jusqu'à la suite d'Aristachus.

Damian suit les ordres, et suit donc le chérubin. Pas un modèle de beauté ce machin.

Furgil est mal à l'aise, même le gosse était plus grand que lui. Il tentera de se mettre sur la pointe des pieds face au chérubin, mais trop tard... Il le suit, sans se soucier du parchemin.

Ourük, qui était occupé à renifler de la terre prélevé du bout de ses doigts pour des raisons que lui seul comprenait, retourne auprès de ses coéquipiers lorsqu'il voit ceux-ci s'éloigner, de sa démarche inévitablement lourde.

- Où ça nous aller ?